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Les rabbins et les choses dernières

Au début de cette nouvelle année, de lourds nuages s’amoncellent à l’horizon. Troubles à Gaza , montée en puissance de l’Iran devant l’indifférence générale du monde, y compris semble-t-il de la nouvelle administration américaine et on peut s’interroger sur le sens de ces événements dans le contexte actuel et à la lumière de la prophétie. Il nous a semblé intéressant de nous pencher sur les interprétations traditionnelles des sages d’Israël quant aux prophéties relatives aux choses dernières et les comparer avec ce que nous dit le Nouveau Testament quant aux événements qui précèderont le retour de Jésus.




La première mention des choses dernières se trouve dans le chapitre 10 du livre de la Genèse, selon les sages. Là, il est question d’un certain Nimrod, nom qui provient d’une racine signifiant « le révolté ». Nimrod, nous est-il dit, est le premier créateur d’un empire universel dont Babel, (Babylone), est la capitale.

Babylone, on le sait, joue un rôle important dans la prophétie biblique et selon une autre prophétie que les sages d’Israël ont beaucoup étudiée, la prophétie des 4 empires de Daniel que l’on trouve à la fois dans le chapitre 2 et dans le chapitre 7 du livre de ce prophète, Babylone doit être le premier des 4 empires de la fin qui se succèderont jusqu’à la venue du Messie.

Mais, toujours selon les sages, le 4ème empire qui n’est pas nommé, ne sera autre qu’une résurgence, une réapparition de Babylone. La visée de ce 4ème empire, que les sages appellent « Malrout Aracha », c’est-à-dire « l’empire du méchant », sera aussi la création d’un empire universel comme l’avait été le but de Nimrod.


L’empire de Nimrod était un empire qui s’élevait contre Dieu et il nous est dit que Nimrod était un vaillant chasseur contre l’Eternel, en opposition à l’Eternel, dit le texte biblique. Ainsi le 4ème empire sera lui aussi un empire hostile aux choses de Dieu, à la Thora et aussi à Israël. Le chef du dernier empire sera un nouveau Nimrod, un révolté. Dans la tradition juive il porte un nom, Armilius, prototype de ce que les chrétiens appellent l’antichrist.



Ce personnage apparaît également, selon les sages, dans un autre texte. Il s’agit de la prophétie de Esaïe 11. Là, il est question du fils d’Isaï, la racine d’Isaï , le Messie, sur lequel reposera l’Esprit de Dieu . Et après avoir défini cette puissance de l’Esprit qui viendra sur le Messie, notre texte déclare « du souffle de sa bouche, il fera périr l’impie ». Selon les sages, il s’agit là d’une prophétie sur les temps de la fin. Lorsque le Messie, l’homme de l’Esprit paraîtra, il anéantira le révolté, l’impie, le méchant qui n’est autre qu’Armilius et cette élimination de l’impie sera la condition même et sine qua none de l’établissement du royaume messianique, c’est-à-dire le 5ème royaume de Daniel.


Les sages ont identifié le 4ème royaume, le royaume du méchant avec l’empire romain, lequel succédait aux trois empires précédents, définis et décrits dans le livre de Daniel, la Babylone de Nebucadnetsar, deuxièmement le royaume des Mèdes et des Perses et troisièmement l’empire grec d'Alexandre le Grand et de ses successeurs. Chronologiquement, le 4ème empire apparaît bien être l’empire romain.

On pourrait objecter que l’empire romain a disparu sans que le Messie y mette fin, selon ce qui avait été annoncé dans les prophéties de Daniel. La réponse des sages est la suivante : L’empire romain devait passer par différentes phases, mais il doit subsister jusqu’à la fin. Selon la prophétie de la grande statue du chapitre 2 de Daniel , il y avait un premier stade où l’empire romain était un empire uni, puis un deuxième stade où il était divisé en dix orteils, c’est-à-dire un certain nombre de royaumes.


On sait que lors des grandes invasions barbares, l’empire romain se divisa en un certain nombre d’Etats qui furent les points de départ des Etats de l’Europe actuelle et selon les sages, ce n’est que dans les derniers temps que l’empire romain retrouverait son unité. Cette unité se ferait aussi dans des alliances contre nature, tel que le décrit le livre de Daniel. D’une part le fer et d’autre part l’argile, deux éléments qui ne peuvent en aucune manière s’accorder. Ces alliances contre nature provoqueront la chute du 4ème empire et son remplacement par le 5ème empire, c’est-à-dire le royaume messianique.


C’est la raison pour laquelle les sages ont appelé ce 4ème royaume, le royaume d’Edom. Edom était un peuple qui descendait d’Esaü, frère de Jacob et qui a disparu à peu près un siècle avant Jésus-Christ. Pourtant, les sages ont constaté que dans les prophéties de la fin, ce royaume joue un rôle considérable. La question qui se pose alors est celle-ci : comment ce royaume qui a disparu de la scène de l’Histoire depuis si longtemps, peut-il jouer un rôle aussi essentiel dans les choses dernières ?


La réponse est la suivante: En fait, lorsque nous lisons Edom dans les prophéties, il nous faut comprendre Rome. Il s’agit là d’un message codé. Rome a donné naissance à l’Europe et lorsque les sages lisent Edom dans le texte biblique, ils comprennent l’Europe et plus particulièrement l’Europe « christianisée ». On retrouve cette tradition dans la bouche de Jésus au chapitre 22 de l’évangile de Luc. Là, nous lisons que pendant le repas de Pâques, il survint une controverse parmi les disciples pour savoir qui était le plus grand.

Pour toute réponse, Jésus cite un texte que l’on trouve dans Genèse 25, une prophétie donnée à Rébecca lorsqu’elle réalise qu’elle est enceinte de jumeaux qui se battent déjà dans son ventre. Et cette prophétie déclare: « le plus âgé sera assujetti au plus jeune ». Jésus déclare, reprenant cette prophétie et la commentant en Luc 22: « les rois des nations les dominent et ceux qui les dirigent se font appeler bienfaiteurs. Qu’il n’en soit pas de même parmi vous, mais que le plus grand soit comme le plus petit et celui qui gouverne comme celui qui sert ».


Cette prophétie codée prend tout son sens lorsqu’on la compare avec le texte de Genèse 25. Pour l’heure Edom, Rome, domine sur Israël et les rois des nations, c’est-à-dire d’Edom, de Rome, dominent sur le peuple d’Israël, mais lors de l’établissement du royaume messianique, Israël, Jacob, le plus petit dominera sur Rome et Rome sera assujettie à Jacob, comme Esaü devait l’être à son frère Israël. Jésus assimile donc Rome lui aussi avec le 4ème empire de Daniel, comme on le voit aussi dans les prophéties de Matthieu 24 et Marc 13 « quand vous verrez l’abomination et la désolation dont a parlé le prophète Daniel, établie au lieu saint », c’est-à-dire, lorsque vous verrez les armées romaines entourer Jérusalem .


Par conséquent, Jésus comme les prophètes et comme les sages considère bien que l’empire romain doit subsister jusqu’à la fin sous différentes formes et qu’il reparaîtra aux temps derniers pour être détruit par l’avènement messianique, la pierre qui se détache de la montagne sans le secours d’aucune main. Mais les sages d’Israël ont aussi discerné dans l’Ecriture un 2ème empire antichristique et notamment dans les prophéties de Daniel où il est question de deux rois, un roi du nord et un roi du sud qui s’uniront aux temps de la fin contre Israël pour se diviser et s’autodétruire l’un l’autre.


Ces deux empires, ces deux rois apparaissent dans toute une littérature apocalyptique que l’on trouve à l’époque intertestamentaire. C’est ainsi que dans la version grecque du livre d’Esther, Mordechaï a un songe où il voit s’affronter deux grands dragons.


Dans le livre de la Genèse il nous est dit que Dieu créa les grands monstres marins. On retrouve aussi l’idée dans le livre d’Esaïe, qu’au commencement Dieu a détruit des êtres diaboliques et les a réduits à l’impuissance et que ces monstres ont été en fait soumis à la volonté de Dieu. Ces monstres, dans la tradition juive, portent le nom de Léviathan qui est un animal marin et de Béhémoth qui est un animal terrestre . Ces deux monstres, ainsi que nous l’avons dit, réapparaissent à la fin du livre de Job.


Les sages ont considéré qu’aux temps de la fin, on reviendrait au chaos qu’il y avait au commencement quand Dieu a créé le ciel et la terre. Ce chaos serait l’expression du péché de l’homme, ce que le Nouveau Testament appelle la « grande apostasie », l’ultime révolte contre Dieu.

Nous avons vu que l’impie, le méchant était une sorte de réédition de Nimrod, le révolté qui avait tenté d’entraîner l’humanité sortie du déluge dans une nouvelle révolte contre Dieu. Ainsi en sera-t-il aux temps de la fin. Et par conséquent le nouveau Nimrod , fera en sorte que la terre redevienne chaotique comme elle l’était au commencement. Et dès lors, sortira de la mer le monstre qui avait été réduit à l’impuissance au commencement , à savoir Léviathan et de la terre Béhémoth, celui qui avait été aussi réduit à l’impuissance au commencement, et ces deux monstres donneraient naissance à deux empires, l’empire du roi du nord, c’est-à-dire l’empire d’Edom ou l’empire romain. Mais il y a un autre empire qui doit s’allier aux temps de la fin avec l’empire romain issu du Léviathan. Il s’agirait de l’empire du roi du sud, dont il est question dans le livre de Daniel que les sages ont assimilé avec les fils d’Ismaël, c’est-à-dire les arabes, autrement dit l’islam.

Ainsi, les sages ont assimilé la bête qui monte de la mer, Léviathan, avec l’empire romain et la bête qui monte de la terre, Béhémoth avec l’empire islamique. Selon eux, aux temps de la fin, selon ce qui est écrit dans le livre de Daniel, ces deux empires tenteront de s’allier contre Israël, mais ce sera une alliance contre nature de la même manière que le fer, l’empire romain , ne peut pas s’allier avec l’argile, l’empire islamique. Et pendant un temps, ces deux empires feront cause commune, mais lorsque débutera l’assaut final contre Israël, ces deux empires se dresseront l’un contre l’autre, de telle sorte qu’ils s’autodétruiront, ce qui sera le dernier acte avant la venue du Messie et de l’établissement du 5ème royaume, le royaume éternel.


On sait que le Nouveau Testament, notamment le livre de l’Apocalypse, reprend le même schéma. Dans ce livre, nous voyons en effet apparaître deux bêtes. Une première bête qui est à la fois, selon l’imagerie traditionnelle des apocalypses, l’empire et le roi qui domine cet empire. Ici, il s’agit bien d’une bête qui monte de la mer, c’est-à-dire Léviathan qui est assimilé, comme le font les sages avec l’empire romain et qui s’allie avec une deuxième bête qui, elle, monte de la terre, qui n’est autre que Béhémoth, c’est-à-dire l’empire islamique, le faux prophète. Ces deux empires s’allient jusqu’au moment où est établi également le royaume messianique.


Toujours dans le livre de l’Apocalypse, nous voyons qu’il y a derrière ces deux bêtes, des puissances des ténèbres et notamment un grand dragon rouge qui rejoint aussi l’intuition des sages, c’est-à-dire ce dragon qui était au commencement le serpent de l’Eden, celui qui a entraîné le chaos sur la terre et qui, aux temps de la fin, réussira pour un temps court le même exploit, jusqu’à ce qu’il soit réduit à l’impuissance et lié pour 1000 ans. Il nous est dit également dans la 2ème épître de Paul aux Thessaloniciens, que doit venir un temps d’apostasie, lequel sera aussi marqué par une révolte des nations contre Dieu, animées qu’elles seront par un esprit de ténèbres, lequel s’incarnera dans ce que l’apôtre Paul appelle l’impie.


Il est intéressant de constater que dans ce texte, Paul cite presque littéralement le texte d’Esaïe 11 : « du souffle de sa bouche, il fera périr l’impie ». Et Paul nous dit: « celui que le Seigneur Jésus anéantira par le souffle de sa bouche et qu’il détruira par l’éclat de son apparition ».

L’alliance entre ces deux bêtes, selon les sages, donnera naissance à une période de troubles qui intéressera en premier chef Israël, mais qui rapidement s’étendra au monde entier et que les sages appellent la guerre de Gog et Magog, en relation avec les chapitres 38 et 39 du livre du prophète Ezéchiel.


Selon eux, cette guerre de Gog et Magog apparaît également dans plusieurs autres textes prophétiques qu’il faut lire dans tout ce contexte, notamment les derniers chapitres du livre du prophète Zacharie qui, selon eux, contiennent des mystères qui ne seront révélés qu’aux temps de la fin. Les derniers chapitres de Zacharie, c’est-à-dire 10 à 14 décriraient, selon eux, cette guerre de Gog. Enfin la guerre de Gog, toujours selon les sages, est aussi décrite dans le psaume 2 où il est question de cette révolte des nations contre l’Eternel et contre son Messie et cette guerre sera marquée, selon les sages, par une période plus ou moins longue de troubles, de soulèvements, de guerres qui sera marquée par des trêves, par des moments où l’on croira que l’on est arrivé à la paix, mais qui iront en s’amplifiant, jusqu’au moment de l’apparition finale du Messie sur le Mont des Oliviers, ainsi qu’il est écrit dans le chapitre 14 du livre du prophète Zacharie.

Dans ce temps-là, ont dit les sages, le peuple d’Israël sera un peuple apostat, ça veut dire: qui aura oublié sa Thora. Il en sera de même aussi, bien sûr, des nations. Seule l’apparition du Messie provoquera un mouvement de repentance nationale qui est décrit dans le chapitre 12 du livre du prophète Zacharie et qui permettra la rédemption du peuple d’Israël et du monde entier et l’établissement du 5ème royaume, du royaume messianique.


Les prophéties de Zacharie décrivent l’ultime phase de cette guerre de Gog et de Magog, lorsque les nations unifiées dans une même révolte contre Dieu par l’antichrist, tenteront un dernier assaut contre Jérusalem afin de la détruire, ainsi que le peuple d’Israël. Cette dernière guerre entraînera l’avènement du Messie, la destruction des nations en tant que puissances guerrières, l’établissement du royaume messianique.


Selon les sages, ce royaume messianique ne sera pas encore l’Etat définitif, ce que l’on appelle en hébreu « aholam abaha », le monde qui vient et que le Nouveau Testament traduit par : " Zoe ayonos", c’est-à-dire la vie éternelle. Le royaume messianique sera encore une époque intermédiaire.

Mais chez la plupart des commentateurs, la durée de ce royaume sera de mille ans, selon ce que l’on appelle la prophétie d’Elie qui est tirée du psaume 90 attribué à Moïse, « car mille ans à tes yeux sont comme un jour ».


Les sages ont fait le rapprochement avec le texte de la Genèse, où l’œuvre de la création dure une semaine , 6 jours plus le 7ème jour qui est le shabbat. C’est-à-dire qu' il doit y avoir à la fin de cette période de l’existence de la terre, une période de 1000 ans qui est comme un jour et qui sera tout entier shabbat, selon qu’il est écrit dans le livre de Zacharie « ce sera un jour unique ». Ce jour qui sera tout entier shabbat durera 1000 ans.


On le voit, il s’agit là d’une similitude avec ce que nous trouvons dans le livre de l’Apocalypse et que l’on appelle le millénium, notion qui est très controversée depuis l’époque des Pères de l’Eglise qui l’ont rejetée, parce que cela était trop conforme avec la vision juive des choses dernières et notamment du rétablissement d’Israël. Il est intéressant de noter que même aujourd’hui dans les milieux évangéliques, on se prend à douter de la réalité d’un règne millénaire de Jésus à Jérusalem après l’avènement du règne messianique et avant la manifestation des choses dernières.


Alors, les prophètes envisagent à nouveau une montée des nations à Jérusalem, mais non plus des nations en tant que puissances guerrières, mais des nations désarmées et pacifiées. C’est le thème, notamment de prophéties comme celles d’Esaïe 2, Michée 4 et bien sûr Zacharie 14, où nous voyons les nations venir à Jérusalem pour y célébrer la fête de Souccoth , la fête des Tabernacles et chercher le Dieu d’Israël.


C’est cette glorieuse espérance que le Nouveau Testament reprend aussi, notamment dans le chapitre 7 du livre de l’Apocalypse, qui nous présente une fête de Souccoth céleste où le peuple d’Israël et les nations sont associés dans la même louange au Dieu qui a achevé l’œuvre qu’Il avait commencée après l’expulsion de l’Eden, écrasé la tête du serpent, pour rétablir toutes choses comme elles étaient au commencement et donner à l’humanité rachetée et délivrée des puissances infernales, une éternité bienheureuse, du moins pour ceux qui seront entrés dans ce salut de Dieu, ceux qui auront cru et ceux qui auront persévéré jusqu’à la fin.


Article écrit en 2009

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