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Il est bon de chanter en Ton honneur, Dieu Très Haut !

Article écrit par Jean-Marc Thobois en 1984, à retrouver dans le Hashomer n°26 Musiques et chants en Israël, hier et aujourd'hui.



"Alléluia ! Louez le Seigneur !" Ainsi se termine avec le psaume 150 le livre des psaumes. On pourrait le résumer en ces termes : "Louez le Seigneur avec tous les instruments de musique qui sont à votre disposition !" La Bible toute entière confirme le fait qu'il y a place dans le culte pour de la musique à la fois vocale et instrumentale. La question est de savoir quelle musique et à quelle place ?


Il nous faut d'abord faire une première remarque : parmi les arts, la musique est le seul qui ait une place privilégiée dans la Bible. Les arts plastiques par exemple, n'y occupent qu'une place très réduite, notamment à cause du deuxième commandement qui interdit toute représentation plastique susceptible de conduire à l'idolâtrie. Le culte biblique est centré autour de la Parole de Dieu, car Dieu est un Dieu qui parle, mais qu'on ne voit pas. L'image est donc réduite à peu de choses. Nous n'en avons que de rares exemples dans la Bible en relation avec l'arche et le tabernacle.


Il en va tout autrement de la musique, qui est l'art associé avec la parole. Elle-même se définit comme un langage qui s'adresse à l'âme. Elle représente la manifestation de ce qu'il y a de plus profond dans le cœur de l'homme, elle est détentrice d'une pensée et d'un potentiel émotif, elle a le pouvoir de suggérer et de provoquer des états affectifs. Dans la Bible, le Ciel, la Présence de Dieu est un endroit où les êtres célestes chantent et jouent pour glorifier Dieu. La prière et le culte reproduisent sur terre un peu de ce modèle céleste. Pour la Bible, il n'est pas étonnant que le chant sacré soit lié à l'inspiration prophétique. L'expérience du chant en langues dans les milieux charismatiques qi peut même s'accompagner d'improvisations instrumentales inspirées, nous permet de comprendre ce que le livres des chroniques affirme, quand il lie musique et prophétie. Si la parole parle à l'esprit, la musique, elle, parle à l'âme. Les deux réalités sont alors complémentaires. Déjà les sociétés primitives avaient découvert que certains sons et certains rythmes créent une disponibilité de l'auditeur et certains sentiments : joie, tristesse, angoisse et même à la limite la transe, ce qu'il fait qu'ils considéraient la musique comme un art magique. La musique moderne, tel le rock par exemple, est un véritable retour à cette notion païenne de la musique surtout rythmée, et fait appel à des techniques conduisant au conditionnement de l'auditeur, à la disparition des "défenses du moi" pour accepter certaines suggestions.



La musique : un art privilégié dans la Bible


Il est certain que Dieu, qui respecte chaque être humain, ne peut accepter de tels procédés, mêmes musicaux. Par contre, on connaît aussi l'effet thérapeutique de certaines musiques. La musicothérapie moderne y fait appel pour soigner certaines maladies mentales, à l'instar de David vis-à-vis de Saül. On sait que même certains animaux y sont sensibles.


David chante pour le Seigneur, auteur inconnu, 1850

La fonction première de la musique dans le culte sera donc d'élever l'âme vers Dieu. De disposer le cœur de l'adorateur à rencontrer Dieu dans la prière et la louange.


La deuxième fonction de la musique sera de lui permettre d'exprimer les sentiments profonds de son cœur. La musique d'orgue qui fut longtemps l'apanage de la musique d'église, avait pour but de créer un sentiment de solennité, de respect et de majesté propres à la rencontre avec Dieu.


Il est donc clair que toute musique n'est pas propre à remplir cette fonction. Aucune musique n'est neutre. Le compositeur cherche toujours à atteindre un but dans le cœur de son auditoire. Une musique qui, loin d'élever les sentiments, réveille les bas instincts de l'homme, même affublé de paroles chrétiennes, représente une véritable déviation. La musique sacrée ne peut être "légère".



Le but de la musique : servir Dieu


Il faut aussi se souvenir que, pour la Bible, la musique n'est qu'un moyen et non pas un but en soi. Le souci d'émotion esthétique qui est le principe fondamental de toute philosophie moderne de l'art, est étranger à la mentalité biblique. "L'art pour l'art" est un thème païen hérité du monde grec. Lorsque le souci esthétique prend le pas sur le souci de rencontrer Dieu, il y a aussi déviation. La musique sacrée ne peut pas être "divertissante". Il ne peut donc y avoir de "show business" chrétien et le fait de proposer aux jeunes chrétiens des disques, cassettes ayant pour but essentiel le "divertissement" sur des thèmes de l'évangile apparaît comme plus que discutable.


Il est non moins certain cependant qu'il existe une musique "profane" qu'il est tout à fait possible d'adapter dans le culte. De nombreux hymnes et cantiques chantés dans tous les milieux, sont le fruit d'une telle adaptation. Il n'est pas ici question de privilégier tel style, telle époque plutôt que telle autre, ce n'est pas une question de "classicisme" contre le "modernisme", mais de savoir ce qui est adaptable et ce qui ne l'est pas. Les "negro spirituals" par exemple, sont souvent des mélodies d'une grande profondeur spirituelle, la musique de jazz qui obéit au même style et appartient au même genre musical, l'est rarement. Nous pouvons donc dire que tant dans le répertoire classique que dans le répertoire moderne, certaines musiques sont à exclure totalement, soit à cause de leur caractère léger superficiel, soit parce qu'elles provoquent des sentiments incompatibles avec la présence et la majesté de Dieu.



Aujourd'hui, pour les tenants de la musique "rock chrétienne", Dieu peut utiliser tous les moyens pour se glorifier, tout dépend de la motivation des interprètes. A la limite, cela signifierait que, pour Dieu, "la fin justifierait les moyens", ce qui est foncièrement antiévangélique. Certains moyens sont malhonnêtes, d'autres sont par nature incompatibles avec le message de la Bible. C'est le cas par exemple, pour l'image si prisée en notre temps (qu'on pense à l'audio-visuel qui envahit à l'heure actuelle les milieux chrétiens !)... Pourquoi la Bible n'a-t-elle pas fait ce que l'Eglise du Moyen Age a réalisé : enseigner le message divin par les images, les statues, les représentations théâtrales à des populations très primitives ? On sait que les peuples païens faisaient à l'époque grand usage de ces moyens ! Eh bien tout simplement parce que les moyens ne sont pas neutres et que Dieu n'est pas prêt à utiliser tous les moyens, pourvu que nos motivations soient pures ! On ne pouvait pas adorer Dieu n'importe comment dans la Bible. De tels moyens conduisaient insensiblement à l'idolâtrie, car ils étaient parfaitement ADAPTES à la mentalité idolâtre, et avaient été forgés EN FONCTION d'elle !



La fin et les moyens


A quelle mentalité la musique rock est-elle adaptée ? En fonction de quoi a-t-elle été forgée ? Une remarquable étude du père Regimbal répond à cette question mieux que je ne saurais le faire ! Elle tient en un mot : il s'agit de promouvoir par cette musique une contre culture destinée à détruire et remplacer la culture judéo-chrétienne. La musique Rock est vraiment le "feu étranger" que certains tentent d'apporter sur l'autel ! Tout est dans les motivations ? Non ! Il est clair que certaines musiques de Bach ou autres, composées pour le service divin, même jouées par des païens, sont marquées par l'onction spirituelle sous laquelle elles ont été composées. Par contre, même jouées par des chrétiens, certaines autres musiques affublées de paroles chrétiennes ne perdent en rien leur caractère superficiel et léger et ne font que laisser cette impression.


Les tenants de la musique "Rock chrétienne" font souvent grand cas de Rom. 14 v.14 "rien n'est en soi impur, dit l'apôtre". Il semble dangereux de dégager de ce texte un principe absolu, par lequel on peut justifier les pires dépravations : l'impureté, l'homosexualité etc. choses que par ailleurs l'apôtre condamne comme impures dans d'autres textes ! N'est-ce pas tomber dans le même excès que les Corinthiens qui avaient érigé en principe absolu une parole de Paul "tout est permis" et qui, à partir de là, vivaient dans l'immoralité la plus noire ? Paul est obligé de les reprendre sévèrement en ajoutant : "tout est permis, mais TOUT N'EDIFIE PAS !" Le rock, même "chrétien", édifie-t-il ? J'en doute ! Il contribue plutôt à initier les jeunes chrétiens à un style par nature idolâtre et à les conduire à se paganiser avec les païens. On pourrait aussi citer le texte de Paul à Timothée l'exhortant à "s'éloigner de ceux qui les écoutent !" Quand on voit l'état spirituel des amateurs de rock "chrétien", on se demande si ce qu'ils ont écouté ne les a pas menés à la ruine !



Une question de culture ?


Adapter l'évangile aux différentes cultures, certes oui ! A condition toutefois que ce soit au travers de ces éléments culturels qui sont COMPATIBLES avec l'Evangile, autrement on tombe dans les aberrations des missionnaires chrétiens qui, en Bretagne par exemple, ont "christianisé" les menhirs en les surmontant d'une croix, et qui ont "canonisé" les divinités locales (la déesse celte Anna devenant "Sainte Anne" la grand-mère du Christ !). Quel est alors le résultat ? Un syncrétisme entre le paganisme et le christianisme et un ensemble de païens sur lesquels on a plaqué un vernis chrétien. N'est-ce pas aussi le résultat auquel on assiste dans certains pays d'Afrique où, sous prétexte de conserver les cultures indigènes, on aboutit à un pagano-christianisme davantage païen que chrétien. En Haïti, le culte du vaudou est la plus belle réussite dans le genre !


L'Evangile entraine toujours une RUPTURE avec ces éléments culturels qui sont incompatibles avec son essence. Le rock est manifestement l'expression d'un monde à la dérive, l'expression de son retour au paganisme et au nihilisme. Il ne saurait en aucun cas être l'expression de l'espérance du Royaume qui vient.


Un culte à Hillsong, en Californie (2014)


La mentalité technicienne : du feu étranger


Arrivons toutefois à l'argument ultime massue et péremptoire : "ça marche !", "des jeunes se convertissent !" A quoi ? Il faudrait d'abord répondre à cette question ! Mais admettons que, pour certains, ce soit vraiment à Jésus-Christ ! Se sont-ils convertis A CAUSE de la musique rock ou MALGRE elle ? Dans ce sens, que dans sa grâce, Dieu peut toucher des cœurs sincères et assoiffés de lui-même, lorsque les moyens sont condamnables. Mais allons plus loin ! "ça marche !" Voilà la suprême justification de la mentalité technicienne moderne, où l'efficacité est le critère ultime du bien et du mal ! Comment ne se rend-on pas compte que ce raisonnement même dans son essence, est typiquement païen ? Et si l'on ne s'en rend pas compte, n'est-ce pas parce que l'on est tellement conditionné par l'esprit du siècle, qu'on ne voit plus même l'évidence ?


Alors, servons Dieu avec le chant et toutes sortes d'instruments de musiques, mais que ce soit une musique qui le glorifie vraiment, parce qu'elle sera digne de Lui. Cessons de nous approcher de son autel avec du feu étranger, il est temps que dans le domaine de la musique aussi, le sel retrouve sa saveur !



Crédit photo 3 : Justin Higuchi from Los Angeles, CA, USA, CC BY 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.0>, via Wikimedia Commons

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