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A Bethléem, une église d'arabes qui aiment Israël

Jean-Marc Thobois, KEREN Israël 70 - 2006


« Deux miracles se sont produits à Bethléem : le premier est la naissance de Jésus et le deuxième est l'existence de cette église »



Deux miracles se sont produits à Bethléem : le premier est la naissance de Jésus et le deuxième est l'existence de cette église », nous dit Naïm Khoury, pasteur fondateur de la première église baptiste de Bethléem avec son fils pasteur, fondateur de l'église baptiste, Calvary qui se trouve dans l'est de Jérusalem.


C'est la deuxième fois durant ce mois de septembre 2006, encore marqué par la guerre du Liban, que nous visitons cette église arabe. D'ailleurs Elvira, l'épouse de Naïm est elle-même libanaise ; elle a de la famille dans ce pays et qui heureusement, nous dit-elle, n'a pas été atteinte par les bombes!


Les habitants de Bethléem appellent l'église des Khoury « l'église des chrétiens rabbiniques », car il s'agit d'une des rares églises arabes qui, comme nous le déclare Naïm, « croit dans toute l'Ecriture, dans le nouveau testament comme dans l'ancien !


Aussi, nous croyons que ce pays a été donné aux israélites et que leur retour vient de Dieu ». De telles affirmations ne sont pas du goût de tous, et selon son fils, l'église a été victime de quatorze attaques depuis qu'elle existe et c'est un miracle qu'elle n'ait pas été détruite !


Naïm lui-même a été attaqué trois fois, il a été victime de trois tentatives de meurtre. Le dernier attentat dont il a été victime : on a fait feu sur lui à une distance proche de quatre mètres et même la police a dû reconnaître qu'à cette distance, c'est un miracle qu'il n'ait pas été atteint !

Elvira aussi a été attaquée, comme elle nous l'a expliqué, alors qu'elle était partie à Jéricho avec sa guitare pour chanter dans les rues de la ville et y rendre témoignage !


« Chaque matin, quand nous nous levons, mon père et moi, nous dit Steven qui vient d'épouser une jeune chrétienne américaine, nous savons que ce jour pourrait bien être le dernier de notre vie ! »


Naïm, fondateur de cette église, était un jeune chrétien orthodoxe qui, très jeune, s'est mis à chercher Dieu. C'est à Jérusalem dans le « jardin de la tombe» qu'il rencontra réellement le Seigneur et reçut un appel à le servir.


Il réalisa que pour cela il devait se former dans une école biblique, mais il n'en avait pas les moyens. Il prit l'habitude d'aller prier pour ce sujet au jardin de la tombe, où un jour, il rencontra un visiteur américain qui engagea avec lui une conversation. L'américain lui demanda ce qu'il faisait là, et Naïm répondit qu'il avait pris l'habitude de venir prier dans ce lieu, pour que Dieu lui ouvre une porte pour se former pour le ministère. C'est alors que

son interlocuteur lui déclara : « Ta prière a été exaucée ; aujourd'hui, je prends à ma charge tes études dans un collège biblique aux Etats-Unis ».



Naïm et Elvira Khoury

C'est ainsi que Naïm Khoury devint pasteur baptiste et fonda, avec l'aide de ses amis d'Outre Atlantique, la première église baptiste de Bethléem. L'œuvre est née dans les larmes. De nombreux membres de cette église ont été molestés, brutalisés et même pour certains, tués.


Ainsi, le plus vieux frère de Naïm, qui habitait sur le Mont des Oliviers à Jérusalem, Georges Khoury, avait longtemps été rebelle à l'évangile et regardait avec suspicion l'oeuvre de son frère. Quand un jour, on l'invita à participer à une rencontre entre juifs messianiques et arabes chrétiens, qui devait se tenir dans un grand hôtel, Tibéria, tous frais payés.


Pensant avoir l'occasion de passer du bon temps à peu de frais, Georges accepta l'invitation. Là, il entendit l'évangile, et se convertit. Il devint alors un chrétien fervent.


Un jour, sur le Mont des Oliviers où il résidait, un homme poursuivi par des gens cherchant à lui faire un mauvais parti, lui demanda l'hospitalité. Motivé à la fois par l'évangile et par la traditionnelle hospitalité orientale, Georges reçut ce fugitif sous son toit et refusa de le livrer quand ses poursuivants le découvrirent.


Pour cette raison, et aussi parce qu'on savait qu'il était chrétien et qu'il agissait comme il le faisait à cause de sa foi, Georges fut battu à mort.


Aujourd'hui, son frère et son neveu ont entrepris de créer dans ce lieu une expansion de l'église de Bethléem. Une fois de plus, le sang des martyrs est la semence de l'église. Aujourd'hui, Bethléem est séparée du territoire d'Israël par le fameux mur. Il nous faut donc abandonner nos véhicules du côté israélien. Des membres de l'église nous attendent avec des minibus de l'autre côté du point de passage.


C'est avec joie qu'ils nous accueillent : « Nous avons parfois l'impression d'être oubliés de nos frères, nous disent-ils. Cette année, surtout, a été terrible, personne quasiment n'est venu nous voir ! Si vous saviez ce que la visite de nos frères chrétiens nous fait du bien et nous encourage ! Nous réalisons alors que nous ne sommes pas seuls, que nous ne sommes ni oubliés ni abandonnés!»


Lors de notre première visite, nous sommes venus assister au culte dominical qui regroupait environ une centaine de personnes, mais seulement quelques anciens musulmans. Beaucoup en effet, ont dû s'expatrier : « Ce sont les meilleurs chrétiens, nous dit Peter, ils savent en effet ce qu'il leur en a coûté de se convertir et ne se contentent pas de demi-mesure ! »


L'essentiel de la réunion se passe dans une demi-pénombre : on n'allume la lumière qu'avec parcimonie pour économiser l'électricité ; la crise économique qui règne dans les territoires palestiniens se fait durement sentir !


« nous avons parfois l'impression d'être oubliés de nos frères, nous disent -ils. Cette année surtout, a été terrible, personne quasiment n'est venu nous voir ! "



Il y a peu, deux jeunes chrétiennes ont été victimes d'un drame, Steven raconte : « Une nuit, à 4 heures du matin, j'ai été réveillé par le téléphone : c'était mon père. Il m'a dit : " Fils, j'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer : deux jeunes soeurs, dont l'une venait de se convertir, ont été trouvées tuées dans leur sommeil" ;


"J'ai pleuré comme un enfant, nous dit Steven» "


Cela tient à ce que nous croyons dans les 66 livres de la Bible. Le peuple d'Israël nous est cher, et nous avons été bénis en bénissant Israël ! "


" Lors de la guerre du Liban, nous ne pouvions pas faire grand-chose pour les victimes israéliennes, mais nous téléphonions aux familles des victimes pour leur dire que nous priions pour elles ! "


"Nous avons aussi de bonnes relations avec nos frères et soeurs messianiques d'Israël, mais eux aussi ont leurs propres problèmes et ont des moyens limités, aussi ce qui nous fait le plus mal, c'est d'avoir l'impression d'être abandonnés de nos frères d'Occident !"


Quand Naïm est revenu des Etats-Unis, au début il a commencé à prêcher près d'un camp de réfugiés ; c'est là que l'oeuvre a commencé. De là, Naïm est allé prêcher de Meguido à la vieille ville de Jérusalem, ce qui lui valut d'être deux fois battu et trois fois mis en joue.


En 2000, nous avons organisé un premier camp biblique où nous avons accueilli 200 enfants de réfugiés. Nous faisons aussi un travail d'éducation dans les maisons. Nous enseignons à nos chrétiens qu'ils doivent aimer Israël et les juifs, même quand parfois certains sont persécutés par ces mêmes juifs parce qu'ils sont arabes.

Ce lieu est une place de refuge pour de nombreux chrétiens qui, à leur conversion, perdent tout : maison, travail... Certains dorment et mangent sur place. Pour nous, cette année 2006 a été la plus dure. L'économie est ruinée, nombre de chrétiens sont sans ressources et nous devons faire face à leurs besoins, alors que nos moyens mêmes sont limités !


Ainsi, lors de chaque fête de Noël, Naïm et Elvira organisent une agape pour environ 900 personnes. Cette année, ils comptent sur près de 1200 visiteurs. "Seule l'aide de nos frères de l'Ouest nous permet de faire face aux dépenses que cela occasionne."


Steven nous fait part aussi d'un autre souci : celui des jeunes chrétiens de l'église dont l'avenir est totalement bouché du fait de la situation politique, économique. Nous aimerions qu'ils puissent rencontrer d'autres jeunes chrétiens, pour qu'ils réalisent qu'ils ne sont pas seuls et l'été prochain, nous aimerions envoyer une vingtaine de nos jeunes dans un camp en Europe. Un des pasteurs présents s'engage alors à prendre en charge la venue de 20 jeunes à un camp d'été qu'il organise pour l'été 2007. Mais nous continuons à prier pour le financement du ticket de voyage à partir d'Israël.


« Nous ferons aussi de nouvelles églises un peu partout. Actuellement, nous avons un projet pour Béthanie ! Aussi, souvenez-vous de nous, priez pour nous, comme nous prions pour vous ! »


Et quand, ce prochain Noël devant la dinde aux marrons et le sapin richement décoré, vous partagerez les cadeaux, souvenez-vous de vos frères de Bethléem, dont la vie même est menacée, dans la ville où Jésus est né, qui partagent avec leur Seigneur les mêmes pauvreté et précarité et qui pourtant vous souhaitent à vous chrétiens d'Occident : « Joyeux Noël ».



Bethléehem





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