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Le Shabbat : Avant-goût d’éternité

Dernière mise à jour : 25 avr. 2023


Article paru en 2003 dans le Keren n°58 "Le sens du shabbat"



La notion du shabbat comme avant-goût de l’éternité se retrouve dans l’épître aux Hébreux 3 verset 7 jusqu’à 4 verset 13, comme midrash du Psaume 95.


Le midrash est une manière de sonder le texte de l’écriture pour en dégager toutes les richesses. Le psaume 95 évoque l’errance des quarante ans dans le désert à la suite des murmures qui suivirent le rapport des espions et explique pourquoi cette génération incrédule et désobéissante n’est pas entrée dans le repos de Dieu.


Déjà, le psaume évoque la terre promise comme étant une image du repos que Dieu veut donner à son peuple. L’épître aux Hébreux fait aussi une assimilation entre Josué et Jésus qui, en hébreu, portent le même nom « Yéshoua ».

Le peuple d’Israël, dit l’épître aux Hébreux, par son incrédulité et sa désobéissance, n’est pas entré dans le shabbat promis.

C'est pourquoi Dieu fixe un nouveau jour, aujourd'hui, pour que son peuple puisse enfin trouver ce repos. Le mot clé du midrash, pour l'auteur de l'épitre aux Hebreux, est l'aujourd'hui du Psaume.


En effet, la mort et la résurrection de Jésus, sa fonction de grand prêtre, font de Lui un nouveau Josué, dont la mission consiste à conduire son peuple dans les promesses, dont la terre promise était l'image. ll ya déjà pour le peuple de Dieu un repos eschatologique qui préfigure et annonce le Shabbat final, le jour qui sera «tout entier Shabbat». Ce jour est imminent. Il s'agit de le saisir par la foi, de le discerner, de ne pas manquer le rendez-vous divin, ce que ne surent pas faire les pères. ·


Il est intéressant de constater qu'il existe dans la tradition juive des midrashim du Psaume 95 qui reprennent la même idée. Ainsi il est dit que si le peuple d' Israël gardait véritablement deux shabbats, le fils de David (le Messie) viendrait immédiatement et avec Lui le «jour qui sera tout entier Shabbat ». Selon son attitude de foi ou d'incrédulité, d'obéissance ou de désobéissance, le peuple de Dieu peut donc actuali­ser les promesses de Dieu ou au contraire les repousser dans l'avenir.


Un autre midrash allant dans le même sens, évoque l'apparition du prophète Elie qui, selon la tradition, doit venir annoncer la venue du Mes­sie pour faire part de la bonne nou­velle que le peuple juif attend de­puis toujours.


En fin de compte, la promesse ne s'accomplit pas et le Messie ne vient pas.

C'est, explique le prophète Elie, parce que vous n' avez pas su en­tendre la voix de Dieu aujourd'hui car la condition pour que le Messie vienne est, selon le Psaume 95, qu'en entendant cette bonne nouvelle vous n' endurcissiez pas votre cœur.


Toutefois, si face à cette bonne nouvelle (évangile), aujourd’hui, et tous les jours que Dieu donne, vous écoutez sa voix, alors la promesse s'accomplira immédiatement.


Peut-etre l'auteur de l’épitre aux Hébreux connaissait-il cette interprétation du Psaume 95 ?




Cette promesse d'un Shabbat est une promesse actuelle pour le croyant qu'il faut saisir par la foi


Selon l'auteur de l'épitre aux Hébreux, avec Josué le peuple est bien entre dans la terre promise mais, selon le reproche que Josué lui-même lui fait la fin de sa vie, il a manqué de foi pour s'emparer de toutes les promesses de Dieu si bien que la promesse ne s’est accomplie que partiellement à la mesure de la foi limitée du peuple.


Il y a donc eu échec. C’est pourquoi nous dit l’auteur de notre épître, Dieu fixe un nouveau jour : aujourd’hui, de sorte qu’en Jésus, ce repos nous est donné, le huitième jour est commencé, le temps messianique est là, l’époux, le bien-aimé est venu. Le problème est de le discerner.


Cette promesse d'un Shabbat est une promesse actuelle pour le croyant, qu'il faut saisir par la foi. Par elle, le croyant peut entrer dans la plénitude de la promesse du Shabbat shalom, de la perfection du don de Dieu.


Cette perfection est manifestée en ce que, par la résurrection de Jésus, la mort est vaincue. Or, il ne peut y avoir de paix véritable aussi longtemps que la mort subsiste car le jour qui sera tout entier Shabbat est aussi le jour où la mort aura disparu.


Ainsi pour le croyant, la promesse est renouvelée dans son aujourd'hui ; certes, les problèmes, les difficultés, les combats subsistent, mais alors, retentit cette exhortation paradoxale du verset 12, "efforçons-nous d'entrer dans son repos..."

Or, précisément, le repos est le con­traire de l'effort, cette exhortation correspond a l'exhortation de Jésus : "Venez a moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, prenez mon joug sur vous et prenez mes ins­tructions car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes car mon joug est léger et mon fardeau est doux".


C'est tout le paradoxe de l'Evangile. C’est là justement qu’il faut la vision céleste, la dimension de la révélation de Dieu pour comprendre que dans l’aujourd’hui de nos vies, il y a une promesse qui peut se réaliser, s’actualiser, à condition qu’elle soit conquise par la foi et l’obéissance. Elle est la promesse d’un shabbat actuel qui nous est déjà donné à condition que nous sachions discerner sa voix et que nous sachions dans la foi déposer à ses pieds tous fardeaux et tous soucis : « Car lui-même prend soin de vous. »







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