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Dossier Accords d'Abraham (1): Contexte des accords


Nous vous proposons un dossier détaillé sur les causes et les conséquences des Accords d'Abraham. Ce dossier a été divisé en 6 parties, afin de rendre la lecture plus facile. Voici donc le premier volet de ce dossier.


Le 13 août 2020, durant une conférence de presse, le président américain Donald Trump a annoncé qu’Israël et les Émirats Arabes Unis allaient signer prochainement des accords de paix. Le 15 septembre 2020, à la Maison Blanche, les Émirats arabes unis (EAU), rejoints entre-temps par le Bahreïn, ont signé ces accords de paix avec Israël sous la médiation des États-Unis. Ces accords ont été nommés « accords d’Abraham » par référence au personnage présent à la fois dans la Torah et le Coran, père à la fois du peuple arabe et du peuple juif.



Loin d’être anodin, ce nom symbolise, pour les pays signataires, la réconciliation (en tous cas le début) de deux frères jusque-là ennemis. Officiellement sans relations diplomatiques et en guerre depuis l’indépendance des deux États arabes en 1971, les trois pays signataires se reconnaissent désormais et ouvrent ainsi la voie à des relations diplomatiques officielles. Plus que de simples échanges diplomatiques, les accords permettent désormais aux différents pays d’entretenir des relations étroites dans divers domaines, principalement économique et militaire. Depuis plusieurs années déjà, les trois pays entretiennent des liens non-officiels, comme beaucoup d’autres pays de la région.


En réalité, ces accords font office de test à une normalisation massive de pays musulmans avec l’État hébreu. Il est impensable que les Émirats arabes unis et le Bahreïn aient agit de la sorte sans le consentement préalable de leur protecteur, l’Arabie Saoudite. Le royaume saoudien entretient également des relations non-officielles avec Israël, notamment sur le plan sécuritaire et militaire, mais la politique interne du royaume et sa position dominante sur le monde musulman sunnite empêchent une possible officialisation de ces relations israélo-arabes.


En effet, le roi Salman Abdelaziz al Saoud entend rester sur une politique « classique » quant à la position de l’Arabie Saoudite vis-à-vis d’Israël, ce qui n’est pas le cas de son fils et héritier, le prince Mohamed Ben Salman (MBS), qui est de facto le dirigeant du pays. Ce dernier souhaite moderniser son pays et diversifier les sources d’enrichissement du royaume, pour ne plus avoir à compter exclusivement sur le pétrole. Surtout, Mohamed Ben Salman fait partie d’une nouvelle génération d’hommes d’État orientaux cherchant à repenser l’engagement géopolitique des États arabes dans la région, notamment envers Israël. Si Mohamed Ben Salman n’est pas encore à la tête de l’Arabie Saoudite, son influence sur la politique à la fois extérieure et intérieure est indéniable et centrale pour comprendre la concrétisation de ces accords d’Abraham. Le royaume saoudien constitue la grande puissance de la péninsule arabique et les autres États de la région dépendent tant militairement que politiquement de leur voisin. Le prince-héritier saoudien est d’ailleurs très proche du prince-héritier émirati Mohamed ben Zayed ben Nahyan (MBZ), dont l’ouverture vers l’Occident a permis la modernisation et l’enrichissement des Émirats arabes unis ces dernières années.


L’Arabie Saoudite joue un rôle de premier plan dans la péninsule arabique, et ses voisins péninsulaires lui sont en grande partie tributaires, hormis le Qatar et le Yémen.

Or, de part leur proximité avec les États-Unis et par leur opposition au régime iranien, ces pays de la péninsule arabique ont désormais des objectifs qui convergent avec ceux de l’État israélien. La peur du nucléaire iranien ainsi que du programme balistique et du soutien à des groupes armées dans tout le Moyen Orient, rapproche tous ces pays diplomatiquement, malgré leurs antécédents d’hostilité.


Pendant les deux mandats du président Obama, les pays du Golfe et Israël ont pris leurs distances avec l’allié américain, avant de profiter de quatre années d’une administration américaine bien plus favorable à leur encontre pour commencer à officialiser ce rapprochement réciproque, au travers de ces accords d’Abraham.





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