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Consolez, consolez mon peuple !

Dernière mise à jour : 25 avr. 2023

Article paru en 1995 dans le Keren n°27


Tel est l'ordre que Dieu donne aux nations concernant Israël en Esaïe chapitre 40 verset 1 quand il s'apprête à faire grâce à son peuple. Or, depuis 1948, nous vivons dans ce temps de la consolation d'Israël, où Dieu lui accorde la grâce imméritée de le ramener dans son pays ! Par là nous pouvons savoir que nous vivons cette époque annoncée par le prophète et que, par conséquent, l'ordre de Dieu nous concerne dans cette génération.


Depuis quelques années, Israël rassemblé traverse une grave crise.

Elle a commencé en 1967 après la guerre des Six Jours, quand l'Etat hébreu devint la cible de toutes sortes de critiques et attaques verbales répétées comme conséquence de sa victoire trop grande au goût de certains. Ces attaques, qui sont allées en s'amplifiant, ont fini par créer un profond malaise, puis un sentiment de culpabilité qui est allé croissant au sein du peuple et qui devait aboutir il y a trois ans aux accords de paix suicidaires avec Arafat. Ces accords ne sont que la conséquence visible de la grave crise morale et spirituelle qui agite le pays et qui a sapé une a une toutes les assurances d'Israël qui aujourd'hui doute de lui-même, de sa vocation, de son élection et de toutes les valeurs qui lui ont permis de vivre et de subsister pendant son exil, en sorte que l'avenir d'Israël même est aujourd'hui menacé.



LA "HAINE DE SOI"


De quoi s'agit-il donc? En un mot, de la manœuvre des nations pour amener Israël à se haïr lui-même tellement qu'il en vient à vouloir s'auto-détruire. Ce phénomène de la "haine de soi", spécifique au peuple d'Israël, a été maintes fois analysé. On commence par exiger d'Israël un surcroît de probité sous prétexte qu'il est le peuple élu. Il faut que le juif gagne le droit d'exister par une conduite exemplaire et qu'il fasse plus et mieux que les autres. On a exigé cela des juifs émancipés du ghetto, on l'exige maintenant de l'Etat hébreu devenu le "juif des nations", attendant de lui ce qu'on n'exige d'aucun autre pays au monde.

Mais le juif n'est pas un surhomme! Son incapacité à se hisser au niveau exigé par les autres provoque en lui un profond sentiment de culpabilité qui peut aboutir à un rejet conscient ou non de sa condition de juif et un violent désir de s'assimiler, d'être "comme les autres".

Ce mécanisme fréquent chez les juifs de la diaspora, typique de la mentalité de l'exil, se produit aujourd'hui au niveau d'Israël en tant qu'état qui, comme au temps de Samuel le prophète, en a assez d'être un peuple mis à part et aspire "à la normalité", "être une nation comme toutes les autres nations et acceptée par elles comme telle".


A la limite, cette haine de ce qui est juif en soi et qui, par conséquent, fait de lui un être à part et l'empêche de s'assimiler peut conduire le juif à un véritable antisémitisme juif, faisant de lui un renégat et le pire ennemi de son peuple. Les plus grands antisémites sont en effet des juifs renégats qui ont adopté des clichés des non­ juifs vis-à-vis de leur propre peuple et qui font de la surenchère pour bien montrer aux non-juifs que eux, au moins, ils ont "cessé d'en être".


La haine de ce qui est Juif en soi devient alors finalement haine de soi.

Puisque nous sommes tellement haïs par les autres, pensent-ils, c'est que sans doute nous devons être haïssables ; et comme le juif ne voit pas très bien ce qu'on lui reproche de concret, il conclut que c'est son existence en tant que juif qui est haïssable, c'est le fait d'être juif, avec tout ce que cela implique !

Il est typique que certains membres de la gauche israélienne revendiquent aujourd'hui l'étiquette "cananéenne" et non plus "juive" donnant à leurs enfants des noms cananéens tels Anat, déesse cananéenne, ou Nimrod, le roi impie etc... tant est grande l'aversion qu'ils ont de ce qui est juif et spécifique au peuple d'Israël.



ISRAEL : "LE JUIF DES NATIONS"


L'Etat d'Israël moderne, surtout depuis 1967 où il sortit vainqueur d'un drame où il aurait dû périr, est devenu le "juif des nations". Depuis cette date et surtout depuis 1982, ce déclic antisioniste est allé crescendo en sorte que la presse et les media israéliens ont même fini par y succomber. Ils se sont mis à hurler avec les loups étrangers, croyant que l'objectivité est d'adopter la subjectivité des autres, comme le dit le journaliste israélien D. Catarivas.


L'actuel gouvernement israélien est le pur produit de cette génération de Juifs honteux, culpabilisés, animés de la haine de soi et prêts à se laisser replacer sous le joug de la " dhimmitude"(processus qui est déjà bien engagé puisque le gouvernement cède pratiquement à toutes les pressions des arabes). Il subordonne sa politique aux désirs mêmes de ses adversaires qui sont en passe de réussir ce tour de force : faire participer la victime à sa propre destruction.


Le juif honteux hait en effet en lui les idées qui ne sont pas celles de la majorité, notamment arabe. L'écrivain israélien Amos Oz écrivait que les opinions des arabes prévalent automatiquement sur celles des juifs et une femme de lettres affirmait : «Le juif doit être exterminé en nous-mêmes au prix de nos propres vies.»

C'est clair : ce qui est mal est juif et le bien c'est ce que font et pensent les non-juifs. Il y a au sein du peuple d'Israël une propension à embrasser suicidairement la cause des autres.


Ayant bien compris cet aspect de la psychologie juive, les ennemis d'Israël ont employé la propagande et la désinformation pour conduire Israël à l'autodestruction, ce qui pour le monde chrétien est dans la logique des choses : quand Israël courbe la tète devant ses ennemis il est dans son rôle traditionnel, mais le peuple juif perd la sympathie de ses amis "chrétiens" dès qu'il relève la tête !


Jacques Ellul, avant sa mort, s'était élevé contre l'hypocrisie consistant à allier l'amour des juifs à la condamnation d'Israël en tant qu'état : "Je suis scandalisé, écrivait-il, de l'hypocrisie qui consiste à condamner d'un coté l'Etat d'Israël tout en se donnant bonne conscience en condamnant d'un autre côté l'antisémitisme.»


Pour sa propagande anti­ israélienne, l'OLP pouvait utiliser les citations des juifs de gauche acharnés à s'autodétruire, tant il est vrai qu'il existe toujours "un juif honteux de service" pour dénigrer son propre peuple, et condamner pêle-mêle "le grand Israël", "la conquête de Jérusalem", les colonies, etc... Or, épouser la cause des bourreaux, se traîner à leurs pieds, mériter le droit d'exister par une conduite plus vertueuse que les autres, c'est la philosophie de l'exil.

Le sionisme dans son essence était une tentative de sortie de cette mentalité de ghetto qui cependant est revenue en force maintenant que, aux dires mêmes du gouvernement, nous sommes entrés dans l'ère "post-sioniste". Elle repose sur l'assertion erronée que si Israël se conduit "bien", il finira par être accepté par ses voisins arabes. Mais ces derniers font semblant d'accepter de venir à composition, mais n'ont en fait pas renoncé à détruire Israël quoi qu'il fasse ! Comment en est-on arrivé là ?



LA CULPABILITE DES EGLISES


Or dans ce domaine, la culpabilité des églises est loin d'être négligeable ! Depuis des années la plupart d'entre elles hurlent avec les loups ! Inconsciemment y aurait-il l'idée moyenâgeuse qu'Israël doit survivre éternellement humilié pour mieux prouver la vérité du christianisme ?

Cette idée serait-elle cachée dans le subconscient des chefs des églises parfois même à leur insu ? Leur attitude est en tout cas cohérente avec cette vision ! Il ne faut pas qu'Israël disparaisse, d'où les condamnations de l'antisémitisme, et en même temps, comme le disait il y a quelques années un texte issu de la Fédération Protestante de France : «Il faut privilégier l'exil, c'est là en effet qu'Israël exerce son génie, pour le bénéfice des autres peuples.»


Certes, il n'est pas question d'affirmer qu'Israël soit exempt de faute vis-à-vis des palestiniens. Il n'est pas non plus question de nier l'hédonisme et la soif de jouissance qui saisi toute une partie de la population israélienne, mais bien de s'élever contre l'injustice qui consiste à condamner la moindre broutille quand il s'agit d'Israël, et de fermer les yeux sur les pires des exactions quand il s'agit des arabes (comme au Soudan par exemple).


Pire encore, depuis des dizaines d'années les églises ont entrepris une véritable action de délégitimation d'Israël en tant qu'état. Si aujourd'hui Israël doute de sa spécificité et de son élection, n'est-ce pas, en partie du moins, parce que ceux qui auraient dû se tenir à ses côtés ont tout fait pour l'en faire douter? Israël n'a plus qu'un désir aujourd'hui : être un peuple comme les autres et ne plus être "le juif des nations". Les jeunes israéliens sont en train de perdre toute culture biblique et Juive au profit de la sous-culture américaine de "Madona" et du Coca-cola . La Bible elle-même autrefois au centre de la vie de la nation est de plus en plus reléguée. L'ancien Ministre de l'Education nationale voulait même qu'elle soit retirée des programmes scolaires.


Les colons qui se réclament d'elle sont vilipendés de la manière la plus odieuse qui soit comme s'il était criminel de baser sur elle les prétentions nationales d'Israël ! Le gouvernement invite ouvertement le peuple à tourner le dos à son passé ! Les églises qui ont discrédité la Bible sont en partie responsables de cet état de fait ! Il leur en sera demandé des comptes.


Est-ce à nous, diront certains, d'être plus sionistes que les sionistes ? Là n'est pas la question. Mais la Bible nous fait le devoir de consoler Israël.



Qu'est-ce que cela veut dire dans ce temps?


N'est­-ce pas de lui rappeler sa vocation, son élection, sa spécificité, en lui rappelant que le sionisme, malgré ses imperfections inhérentes à tout ce qui est humain, est un mouvement prophétique suscité miraculeusement par Dieu, comme l'avait bien vu le pasteur William Hechler que nous avons évoqué dans un récent numéro et qui n'hésitait pas à rappeler à un Pinsker qui en doutait, la réalité des promesses prophétiques. Bible en main, il n'hésita pas même à s'opposer à son ami Théodore Herzl quand celui-ci fit sien le projet "Ouganda". Si nous, chrétiens, éclairés sur le plan de Dieu vis-à-vis d'Israël ne le faisons pas, qui le fera ?


Israël vit un moment particulièrement dramatique de son existence où il est en train de perdre le sens de son élection. N'est-ce pas notre tâche de le lui rappeler ? De lui rendre son espérance deux fois millénaire qui l'a soutenu pendant son exil et lui a donné la force de survivre, espérance qu'il est en train de perdre (certains vont même jusqu'à souhaiter remettre en question l'hymne national "Hatikva" - l'Esperance-).


Israël est le porteur de toute l'espérance du monde, y compris du monde chrétien, notre tâche urgente est de le lui rappeler. Or Israël, malgré ses imperfections et ses chutes, reste le peuple aimé de Dieu "à cause de ses pères" comme le dit Paul. Les appels de Dieu sont sans repentance, l'alliance conclue avec Israël est irrévocable, même si parfois Israël, l'infidèle, doit passer par le creuset de l'épreuve: «Ainsi parle l'Eternel : si je n'avais pas fait mon alliance avec le jour et la nuit, si je n'avais pas établi les lois des cieux et de la terre, alors je pourrais rejeter la descendance de Jacob et de David, mon serviteur, et ne plus prendre dans sa descendance ceux qui domineront sur les descendants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Car je ferai revenir leurs captifs, et j'aurai compassion d'eux.» (Jérémie 33 versets 25-26).


Etre ami d'Israël c'est cela, et fortifier Israël dans la foi en sa vocation et dans son espérance est notre tâche la plus urgente dans le contexte de ce temps.



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