C'est en 1956, juste après la première guerre du Sinaï, que Wladimir Zeev Kofsmann fonda la revue SHALOM, ancêtre de notre revue. Immigré de Bessarabie où il était né, sa famille était très religieuse. Mais à l'époque de sa jeunesse, il abandonna toute forme de religion. Après la révolution bolchévique de 1917, la famille Kofsmann vint s'établir à Paris où le jeune W.Z grandit.
Intrépide et courageux, il s'engagea dans l'armée française, au 3ème Régiment des Chasseurs d'Afrique. Cette carrière militaire le marqua pour le reste de sa vie.
De retour à Paris, il entreprit des études de médecine à l'issue desquelles il entra dans le service de santé de l'administration coloniale française dans le département des maladies tropicales. C'est là qu'à la suite du témoignage d'un couple de missionnaires américains, il retrouva la foi au travers de Yeshua Hamashiah.
Peu de temps après éclata la seconde guerre mondiale. Bien qu'à l'abri des tragiques évènements qui ensanglantaient l'Europe à des milliers de kms de sa lointaine Afrique, Zeev Kofsmann ne tarda pas à en ressentir les contrecoups. Après la défaite de la France en 1940, Zeev Kofsmann fut relevé de ses fonctions par le Gouvernement de Vichy, parce que Juif ! Il dut rentrer en Europe et s'établit à Toulouse en «Zone libre». Cependant, sa femme et sa fille étaient restées à Paris et la ligne de démarcation qui séparait la «zone libre» et la «zone occupée», rendait impossible le rassemblement du couple. C'est miraculeusement que Madame Yvette Kofsmann et sa fille Monique parvinrent à franchir la ligne de démarcation et rejoindre ainsi Monsieur Kofsmann. Commencèrent alors des années de cauchemar pour la famille. A plus d'une reprise, ils eurent l'occasion de voir la main de Dieu qui les délivra de la main de leurs ennemis.
A la fin de la guerre, aussi bien du côté de Zeev Kofsmann que de sa femme, ils étaient les seuls survivants de leur famille respective, d'où la question: «Pourquoi Dieu nous a-t-il épargnés ?» Quand il fut rétabli dans ses fonctions en Afrique après la guerre, il eut la conviction qu'il devait tout abandonner pour se mettre au service de Dieu. Après un temps de résistance à cette voix intérieure, après un terrible accident dont il sortit indemne et dans lequel il vit un avertissement de Dieu, il démissionna, rentra en France pour venir se former au ministère à la Cour des Noues, où il rencontra notamment Clément Le Cossec et le couple Guyaz. C'était l'époque où l'Etat d'Israël allait naître, et déjà la première guerre israélo-arabe faisait rage.
Zeev Kofsmann acquit rapidement la conviction que Dieu l'appelait à le servir au sein de son peuple et que c'était à cause de cette mission particulière que Dieu lui confiait, qu'il avait été épargné lors de la Shoa. Après avoir reçu plusieurs signes qui confirmaient cet appel, Zeev Kofsmann se rendit en Israël en pleine guerre d'Indépendance en 1948. C'était l'époque, où s'entassaient sur les quais du port de Haïfa, sous des tentes rapidement aménagées, des rescapés de la shoa, parmi lesquels de nombreux enfants orphelins. Zeev et Yvette Kofsmann entreprirent donc la création d'une maison d'enfants pour accueillir ces jeunes qui avaient perdu leurs parents. Mais leur objectif était Jérusalem qui restait inaccessible car assiégée par la Légion jordanienne et coupée du reste du pays. Il fallut attendre la levée du siège pour que les Kofsmann puissent enfin arriver à Jérusalem. La ville était en guerre et coupée en deux. Le seul appartement que purent trouver les Kofsmann était la dernière maison avant la ligne de feu... Il fallait zigzaguer entre les balles pour rentrer et pour sortir...
Zeev Kofsmann fut immédiatement mobilisé dans l'armée d'Israël, mais comme le pays manquait d'armes, il fit toute la guerre muni d'un simple sifflet et d'un béret, ce qui ne l'empêcha pas d'obtenir le certificat des «défenseurs de Jérusalem ».
Immédiatement, Zeev Kofsmann commença à rendre témoignage, dans le but de créer selon sa vision, une assemblée juive qui ne serait affiliée à aucun mouvement étranger, à aucune mission extérieure au pays, mais qui serait la continuité de la première assemblée de Jérusalem décrite dans le livre des Actes des Apôtres.
Cette vision trouva sa réalisation à Hanouka 1949, où eut lieu à Jérusalem la première « Convention Messianique» depuis l'époque des apôtres. Très vite, le local de la rue des prophètes devint trop petit, l'YMCA» (association des jeunes gens chrétiens) accepta de prêter un local où se tinrent les réunions jusqu'au moment où les Assemblées de Dieu américaines mirent à leur disposition un vaste immeuble situé en plein centre ville qu'elles n'utilisaient plus. Cet ensemble comprenait une vaste chapelle, un grand immeuble d'habitation et un magasin de la Bible.
C'est là que Zeev Kofsmann rendit témoignage jusqu'après la guerre des six jours où les Assemblées de Dieu américaines qui avaient besoin d'argent vendirent l'immeuble. L'assemblée de Jérusalem trouva un autre local, à nouveau Rue des prophètes où Zeev Kofsmann servit le Seigneur jusqu'à sa mort survenue en 1976.
Bien que très contesté, notamment par les Juifs religieux, Zeev Kofsmann avait su se faire respecter de tous, même de ceux qui ne l'approuvaient pas. C'était un homme d'une grande noblesse et d'un courage à toute épreuve. Lors de son décès, une de ses connaissances pouvait déclarer : « Il était comme un prince au milieu de nous !»
Que sa mémoire soit en bénédiction !
Que Dieu soit loué et remercié d'avoir suscité un tel homme.