Article paru en 1999 dans le Keren n°43
Aujourd'hui, dans l'esprit du grand public, existe plus ou moins l'idée qu'Israël est «né dans le péché» et que ce péché se poursuit depuis. Nombre de détracteurs d'Israël se basent sur des arguments "éthiques» et non théologiques.
Comment peut-on affirmer que Dieu soit derrière l'aventure sioniste alors qu'Israël pour naître, a chassé les Palestiniens «de leur terre» et depuis, ne cesse de les opprimer au mépris des résolutions de l'ONU et du droit international ? Tantôt Israël est dénigré pour avoir été fondé par des athées, tantôt le sionisme est accusé d'être une idéologie «religieuse».
La Bible est un livre moral. Les prophètes ont essentiellement pris la défense des faibles et des opprimés et s'en sont pris à ceux qui violaient leurs droits. Aujourd'hui, les petits et les opprimés sont les arabes et les oppresseurs sont les juifs. Comment justifier cet état de fait au nom de soi disant prophéties vieilles de milliers d'années ?
Ainsi, de plus en plus de chrétiens évangéliques se sentent culpabilisés s'ils osent affirmer que l'Etat d'Israël correspond aux prophéties.
La première question à poser est d'abord celle-ci : à quelles sources d'information se réfère t-on quand on affirme le caractère «immoral» de l'Etat d'Israël ?
Je suis souvent frappé de l'ignorance des détracteurs d'Israël quant aux réalités sur le terrain et encore plus quant à leur méconnaissance de l'histoire. Trente cinq ans de fréquentation d'Israël m'ont amené à conclure que très souvent, il existe un décalage entre la réalité telle qu'on peut la constater sur place et ce qu'en disent les media ! II faut donc faire preuve d'esprit critique par rapport aux informations, même si cela est difficile !
ISRAËL, LE "JUIF DES NATIONS"
La deuxième remarque est qu'Israël est devenu un bouc émissaire, «le juif des nations». Mais qui dénonce les exactions dont sont victimes les chrétiens du Soudan ? Qui condamne l'odieux trafic d'enfants arrachés à leurs parents et vendus comme esclaves dans les riches principautés de la péninsule arabique ? Qui condamne le trafic de drogue officiellement organisé par des pays tels que la Syrie, l'Iran, l'Afghanistan ? Qui s'inquiète des véritables génocides perpétrés dans certains états africains ? Tout se passe comme si le seul problème était le problème israélo-arabe. II convient de se demander pourquoi ces «deux poids et deux mesures»? Qui dénonce les persécutions des chrétiens coptes d'Egypte ? On le voit, l'indignation de la conscience internationale est singulièrement sélective !
Si Israël est coupable, il n'est donc pas le seul ni certainement le pire ! Existe-t-il donc dans le monde des violations des droits de l'homme légitimes et d'autres qui ne le sont pas ?
Ceci dit, Israël n'est pas parfait. II n'a jamais été question pour un chrétien évangélique de défendre ou de soutenir inconditionnellement Israël comme certains, il est vrai, ont parfois eu la tentation de le faire. Oui, il y a des violations des droits de l'homme en Israël ! Il y en a eu dans le passé aussi ! D'ailleurs, les Israéliens eux-mêmes le reconnaissent (ce qui n'est pas souvent le cas dans les pays arabes) !
Ce qui est sûr, c'est qu'Israël est un pays en guerre. Il joue son existence. Toute guerre entraîne des violences, des injustices, des exactions. Existe-t-il un seul pays au monde qui ait conduit une guerre sans commettre d'exactions ? Certainement pas la France, qui il y a peu encore, en Algérie et dans les diverses guerres coloniales qu'elle a menées, s'est parfois comportée de manière plus que discutable. Les Américains au Viet Nam n'ont pas fait montre non plus d'une conduite exemplaire ! Tout cela est oublié aujourd'hui et on se garde bien d'exhumer ce passé peu reluisant ! Pourquoi seul Israël est tenu de se comporter de manière irréprochable ? Il ne s'agit certes pas de justifier l'injustifiable mais seulement de ramener les choses à leur juste proportion.
ISRAËL : NI PIRE NI MEILLEUR QUE LES AUTRES PEUPLES
Lors de la libération en France, on sait que de nombreux maquisards se comportèrent comme des barbares vis-à-vis des «collaborateurs» réels ou supposés. Ces débordements, étudiés par R. Aron dans son ouvrage "Histoire de l'épuration», suffisent-ils à délégitimiser la résistance française dans son combat contre les nazis ?
Israël est un peuple comme les autres, ni pire, ni meilleur. D'ailleurs Golda Meir devait un jour déclarer à des dirigeants arabes :
« Nous vous pardonnerons toujours de tuer nos enfants, Mais il y a une chose que nous ne vous pardonnerons jamais, c'est de nous avoir contraints à apprendre à nos fils à tuer les vôtres !».
Les exactions d'Israël sont moins nombreuses et moins graves que ce qu'en dit une certaine propagande, mais le peuple juif n'est pas un peuple de saints.
D'ailleurs, comment se sont comportés les premiers colons américains, en principe chrétiens bibliques, vis-à-vis de ceux qui vinrent après eux et ne possédaient pas les mêmes croyances ? Quel fut ensuite leur comportement contre les Indiens ? Comment après cela peut-on exiger d'Israël, «peuple de la Bible», un comportement qu'aucun peuple dans l'histoire, même les peuples christianisés, n'a été capable de réaliser en temps de guerre ?
Or, la Bible nous enseigne que malgré les faiblesses, les failles et les erreurs des hommes, Dieu poursuit son dessein. Bien sûr, Dieu, as plus aujourd'hui qu'à l'époque de la Bible, n'approuve tout ce que fait Israël, mais Dieu laisse libres ses créatures, même s'il leur demande ensuite des comptes. Il existe une «geste de Dieu», une action mystérieuse de son bras dans l'histoire comme le reconnaît Joseph lui-même qui, à la fin du livre de la Genèse déclare à ses frères : "Vous avez médité de me faire du mal mais Dieu l'a changé en bien pour sauver la vie d'un peuple innombrable !»
A nos yeux, un des éléments les plus inquiétants de la situation actuelle, est l'état de décadence morale à laquelle nous assistons au sein de la société israélienne qui cherche à être «comme les nations». Le mirage de la société de consommation occidentale avec ses pires excès a remplacé l'idéal biblique et c'est cela qui est le plus inquiétant !
"LE CRIME DE VIVRE"
Mais quand nous lisons les prophètes, notamment Ezéchiel, mais aussi Lévitique 25, il est clair que le peuple juif doit revenir en état d'incrédulité : "Ce n'est pas à cause de vous que j'agis ainsi, maison d'Israël, mais c'est à cause de l'honneur de mon grand nom que vous avez profané au milieu des nations et (en vous ramenant dans votre pays) j'ai voulu sauver l'honneur de mon grand nom."
La prophétie des ossements desséchés montre que la venue de l'Esprit n'est que la dernière étape de la rédemption et qu'Israël revient dans son pays dans un état de «mort spirituelle». On objectera que ce texte s'est accompli lors du retour de Babylone comme nous l'avons vu plus haut ; ce n'est pas si simple !
Il convient aussi de souligner que Dieu est un Dieu juste et que chaque homme et chaque peuple devra rendre compte. Si Israël se conduit de manière injuste, cela ne restera pas sans conséquences. Dieu rend à chacun selon ses œuvres ! Lui seul sonde les reins et les cœurs ; prenons garde de ne pas nous ériger en juges à la place de Dieu !
Ce qui est aussi certain, c'est que Dieu a un plan pour les peuples arabes (Esaïe 19) mais pour les uns comme pour les autres, cela ne se produira pas sans un retour à sa Parole et à ses lois...
Mais le fond du problème n'est pas vraiment là ; c'est la légitimité d'Israël en tant qu'état qui est contestée. Comme l'écrivait la regrettée Annie KRIEGEL, Israël a commis "le crime de vivre". Le "Goliath israélien" a écrasé pour cela le "David palestinien". A-t-on le droit au nom de la Bible de chasser des populations de leurs terres pour s'emparer de leur pays ?
Poser la question en ces termes, c'est y répondre ! Or, là non plus, les choses ne sont pas si simples ! II faudrait des pages et des pages pour passer en revue l'histoire de la renaissance d'Israël, mais il serait alors possible de montrer que les choses n'auraient jamais dû arriver là où elles en sont aujourd'hui. Herzl était lui-même persuadé que les arabes seraient les premiers bénéficiaires du retour des juifs dans leur patrie ancestrale. Dans le pays même, la population arabe (il n'était pas question de la "Palestine») était peu nombreuse. Certains leaders arabes, tels l'Emir Faiçal, était favorable à la création d'un Etat juif.
Dans un roman d'anticipation, Herzl avait imaginé un peu naïvement ce que pourrait être la coexistence entre arabes et juifs sur la terre retrouvée. "Quand j'aurai réalisé cette tâche, disait Herzl, je m'occuperai de l'émancipation des pays africains". Si les choses en sont arrivées là, cela tient au refus arabe d'envisager toute espèce de retour des juifs et donc de toute concession. II serait facile de montrer comment l'intransigeance arabe fut à l'origine de tous leurs malheurs !
Faut-il ajouter qu'il n'a jamais existé de peuple palestinien. Durant le mandat anglais, c'était les juifs du pays qui étaient qualifiés de «palestiniens» sur leurs passeports ! Les arabes, de leur côté, se voulaient membres de la nation arabe. Quand au lendemain de la guerre de 1948 la partie arabe du pays fut annexée par la Jordanie, les arabes devinrent alors citoyens jordaniens. Le «peuple palestinien» fut imaginé, durant les années 60, comme instrument de propagande pour que l'on oublie que 27 nations arabes faisaient face au seul Etat d'Israël et que l'on se focalise sur le fait que un million de «palestiniens» affrontait alors trois millions de juifs !
LA FIDÉLITÉ DE DIEU À SES PROMESSES RESTE TOTALE
Restent deux points à éclaircir : les chrétiens, amis d'Israël sont-ils donc contre la paix entre Israël et ses voisins ? Quant à la légitimité du retour, non seulement il est basé sur la Bigle, sur le droit historique du peuple chassé de sa terre contre son gré, son désir permanent d'y retourner, sa présence ininterrompue dans ce pays et les déclarations de la SDN puis de l'ONU.
Pour ce qui est de la paix, il faudrait être criminel pour être contre la paix ! II va de soi que la paix entre israéliens et arabes serait la bienvenue, même au prix de concessions territoriales qu'Israël est seul à même de déterminer et de l'étendue desquelles il est seul juge.
Mais on peut néanmoins s'interroger sur la valeur de cette paix et son caractère durable d'autant que, comme nous l'avons dit plus haut, la Bible enseigne clairement que jusqu'au retour du Messie, le destin d'Israël garde des éléments tragiques. Toutefois, si une paix même imparfaite s'instaurait au Moyen-Orient, les chrétiens amis d'Israël, seraient les premiers à s'en réjouir.
Enfin, faire référence aux prophéties, est-ce affirmer que l'histoire suit un scénario prédéterminé et préétabli de façon rigide ? Certains l'ont parfois cru, c'est vrai. Mais la Bible nous montre que rien n'est figé dans le plan de Dieu. Ainsi Sodome aurait pu être épargnée s'il s'y était trouvé dix justes. Ninive, vouée à la destruction, échappe à son destin par la repentance.
Le prophète Joël, après avoir annoncé à quels catastrophe et danger le peuple est exposé, l'appelle à la repentance en disant : "Qui sait si Dieu ne changera pas d'avis ?"
Rien n'est déterminé de façon irréversible. Le Nouveau Testament nous dit qu'on peut même hâter ou retarder le jour de la Parousie. Jésus exhorte ses disciples à prier pour que «ces jours (de jugements) soient abrégés !» et pourtant, "les temps et les moments ont été fixés par le Père de sa propre autorité ; lui-seul connaît le jour et l'heure".
Mais il est toutefois une chose dont nous pouvons être sûrs, c'est que les nombreuses prophéties sur la destruction de Jérusalem et du temple, les souffrances des juifs, leur dispersion et leur retour à la fin du temps des nations sont en voie de réalisation. La suite des événements dépendra aussi de l'attitude des hommes face à la volonté de Dieu. Mais le retour des juifs dans la terre d'Israël est très probablement un pas vers le salut final et la preuve de la fidélité de Dieu à sa propre parole !
Je suis étonnée de cette analyse ,très différente de se qu'il disait habituellement
C'est drôle, Jean-Marc Thobois écrirait, des années plus tard, qu'il est un inconditionnel d'Israël et que tout le monde devrait l'être, et même douter systématiquement de la parole médiatique jusqu'à ce qu'elle soit vérifiée (heureusement d'ailleurs ! ^^). Il disait même ne pas croire aux racontars sur la soi-disante cruauté de Tsahal et ne débattait plus de la légitimité du pays...
De toute façon, les Arabes subissent le même sort que les Cananéens dans un sens, et il faut préciser que Dieu n'est pas démocrate et ne s'embarrasse pas des lois et des pensées humaines, sinon l'ONU de l'Antiquité aurait très certainement protesté à de nombreuses reprises 😂
A l'heure actuelle, il est vrai que les troubles internes en Israël…